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1. Le climat guyanais
Le climat de la Guyane est chaud et humide. Il diffère entre la bande littorale, largement influencée et ventilée par l’océan, et l’intérieur des terres, soumis à des écarts de température plus importants et une forte convection continentale. Les variations de précipitations caractérisent le climat guyanais et sont majoritairement influencées par l’ondulation de la Zone de Convergence Intertropicale qui se positionne de part et d’autre de l’Équateur.
Il existe 4 saisons en Guyane :
• la petite saison des pluies qui débute en décembre et se termine au mois de février
• le petit été de mars qui présente une forte variabilité, pouvant durer de quelques semaines à plus d’un mois autour du mois de mars
• la grande saison des pluies, période la plus pluvieuse qui s’étale d’avril à juin, avec des précipitations importantes sur une large bordure littorale
• la saison sèche qui s’étale de juillet à novembre, est très marquée sur le littoral, tandis que l’intérieur des terres continue de bénéficier d’averses régulières.
Il s’agit là du cycle climatologique des saisons, mais ce dernier peut être perturbé par d’autres phénomènes planétaires tel qu’El Niño Southern Oscillation. Lors de phases El Niño ou La Niña de ce phénomène, des répercussions sont visibles sur le climat guyanais. Pour plus de détails sur les saisons, la pluviométrie et les températures : consulter les rubriques du site https://meteofrance.gf/fr/climat.
2. Le constat du changement climatique en Guyane
En Guyane, l’évolution de la température de surface est mesurée à partir des données issues de 5 stations de référence possédant des mesures homogénéisées depuis plus de 50 ans, situées dans diverses zones du territoire (Kourou-CSG est la plus proche du littoral, suivie de près par la station de l’aéroport Cayenne-Matoury, deux stations aux frontières est et ouest avec Saint-Georges et Saint-Laurent-du-Maroni, et Maripasoula dans l’intérieur des terres). L’analyse de ces tendances révèle une hausse significative de +0,34°C par décennie (soit +2,0°C sur la période 1967-2024), avec un réchauffement relativement homogène sur la période (Figure 1). Les dix dernières années (2015-2024) présentent une anomalie moyenne de +0,4°C par rapport à la référence 1991-2020. Les trois années les plus chaudes se sont produites en 2024 (+1,1°C), 2023 (+0,7°C) et 2010 (+0,5°C).
Il est important de noter que les observations intègrent l’effet de la variabilité interne et naturelle du climat et n’isolent pas la part du réchauffement dû aux activités humaines.
Figure 1 : Ecart à la normale 1991-2020 de la température moyenne annuelle enregistrée en Guyane depuis 1967 (en °C).
Les warming stripes (« bandes de réchauffement ») offrent une synthèse visuelle de ce réchauffement (Figure 2). Avec une période de référence 1991-2020, la plupart des années chaudes (bandes rouges) se sont produites après 2003.
Figure 2 : Warming stripes de la Guyane pour les 5 stations de référence
D’autres indicateurs permettent de mettre en évidence les effets du réchauffement climatique en Guyane, comme le nombre de jours chauds, jours où la température maximale excède 35°C en moyenne sur les 5 stations de référence (Figure 3). Ce nombre augmente notablement depuis 2000, passant de 2 jours en moyenne sur la période 1967-1999 à 15 en moyenne au-delà de 2000.
Figure 3 : Nombre moyen annuel de jours chauds (température maximale supérieure ou égale à 35°C) pour les 5 stations de référence de Guyane depuis 1967.
Les précipitations sont largement influencées par la position de la Zone de Convergence Intertropicale. En saison des pluies, le littoral est largement arrosé, au contraire de la saison sèche où les averses y sont plus rares. Dans les terres, la répartition des pluies est plus homogène au cours de l’année, avec des saisons moins marquées que sur la côte.
Les cumuls annuels moyens des précipitations sur les 5 zones climatiques de Guyane présentent une certaine homogénéité, encadrée par la zone la plus sèche à la pointe Nord-Ouest du territoire, nettement moins humide que le Nord-Est, zone présentant notamment un certain relief (Tableau 1).
| ZONE | NORMALE (mm) |
| Littoral | 2783 |
| Pointe Nord-Ouest | 1940 |
| Nord-Est continental | 3593 |
| Axe Petit-Saut / Saint-Laurent | 2512 |
| Intérieur | 2540 |
Tableau 1 : Valeurs moyennes sur la période 1991-2020 des pluies annuelles relevées sur 5 zones climatiques de la Guyane.
L’évolution du cumul annuel de précipitations sur 10 stations météorologiques possédant des données homogénéisées depuis au moins 50 ans montre une forte variabilité inter-annuelle et décennale de la pluviométrie, sans tendance claire à ce jour (Figure 4).
Figure 4 : Rapport à la référence moyenne 1991-2020 (en %) du cumul annuel de précipitations en Guyane depuis 1967.
La carte ci-dessous montre la tendance (en pourcentage par décennie) sur le cumul annuel des précipitations depuis 1967 (Figure 5). Si la plupart des stations indiquent une tendance à la baisse, seule la région du Nord-Est continental subit une évolution statistiquement significative de −2 % par décennie. Sur les autres régions, on observe des tendances non significatives au regard de la variabilité propre des précipitations.
Figure 5 : Tendance du cumul annuel de pluie par décennie en Guyane depuis 1967
A l’échelle saisonnière, seule la saison sèche (juillet à novembre) enregistre des baisses de pluie significatives, et ce uniquement dans le Nord-Est continental et sur l’Axe Petit-Saut/Saint-Laurent. Néanmoins durant cette saison, la quasi-totalité des stations enregistre des tendances à la baisse, même si ces dernières ne sont pas statistiquement significatives au regard de la variabilité propre des précipitations.
Figure 6 : Tendance par décennie du cumul de pluie en saison sèche (juillet à novembre) en Guyane depuis 1967.
Les journées très pluvieuses sont fréquentes en Guyane durant les saisons des pluies et même les intersaisons. Leur fréquence au fil des ans est cependant très variable. Le calcul de tendances climatiques sur les pluies extrêmes est complexe du fait des échantillons trop limités marqués par une forte variabilité interannuelle et interdécennale. Aucune tendance significative n’est mise en évidence concernant l’occurrence des épisodes de fortes pluies en Guyane (Figure 7).
Figure 7 : Nombre de jours où les pluies quotidiennes dépassent les seuils 50 mm (vert foncé) ou 100 mm (vert clair) en Guyane depuis le début des observations. La tendance linéaire sur le seuil 50 mm figure en pointillés.
3. Quel climat futur en Guyane selon la TRACC ?
3.1 Introduction
Les derniers rapports du GIEC (IPCC 2018, IPCC 2021) montrent que la plupart des impacts du changement climatique dans une zone donnée sont déterminés par le niveau moyen de réchauffement planétaire, indépendamment de la manière ou du moment où ce niveau est atteint. On peut ainsi évoquer, par exemple, le « climat de la France dans un monde à +2 °C ».
La Trajectoire de Réchauffement de Référence pour l’Adaptation au Changement Climatique (TRACC) a été définie dans le cadre du nouveau Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC-3) et vise à définir un cadre commun pour les actions d’adaptation. Elle repose sur le constat scientifique (IPCC 2021) que le réchauffement moyen mondial dépend des émissions cumulées à l’échelle internationale (et non des seules politiques françaises) et que ce réchauffement a des effets régionaux et locaux.
La TRACC s’appuie sur les engagements actuels des États en matière de réduction des émissions et les traduit en réchauffement global et territorial à trois échéances. Elle considère qu’en l’absence de mesures supplémentaires à l’échelle internationale, le réchauffement pourrait atteindre trois niveaux, dont les horizons temporels découlent des politiques mondiales actuelles. Ces niveaux sont définis comme suit : +1,5 °C en 2030, +2 °C en 2050 et +3 °C en 2100 par rapport à la température de référence de l’ère préindustrielle, estimée comme la moyenne entre 1850 et 1900.
Le réchauffement climatique variant spatialement, ces niveaux planétaires sont traduits en niveaux territoriaux pour chaque territoire français. Cette correspondance repose sur des méthodes statistiques dites de « contraintes observationnelles » et sur des données combinant modèles et observations (Ribes et al. 2021, Ribes et al. 2022, Corre et al. 2025). En Guyane, les niveaux territoriaux de la TRACC sont de +1,7 °C, +2,3 °C et +3,5 °C aux horizons 2030, 2050 et 2100, toujours par rapport à l’ère préindustrielle (Figure 8). Ces valeurs, plus élevées que celles du réchauffement global, s’expliqueraient principalement par le caractère continental du territoire qui favorise un réchauffement marqué sur les terres émergées. Ces niveaux doivent être considérés comme des cibles d’adaptation, et non comme des projections pour une période donnée.
Figure 8 : Présentation de la TRACC en termes d’échéance et de niveau de réchauffement planétaire et territorial en Guyane.
La prise en compte des incertitudes liées aux projections climatiques est essentielle pour définir des stratégies d’adaptation robustes en climat futur. Pour caractériser le climat aux différents niveaux de réchauffement de la TRACC, le jeu de données Guyane SocleOM-climat-2025 repose sur 10 simulations climatiques globales ou régionales, statistiquement descendues en échelle à une résolution de 3 km par 3 km sur le territoire dans le cadre du projet national SOCLE OM. Pour chaque niveau de réchauffement de la TRACC Guyane (Figure 8), on détermine l’année pivot à laquelle ce niveau est atteint dans chacune des 10 simulations. Pour intégrer la variabilité interannuelle à ce niveau de réchauffement, les indicateurs climatiques sont calculés sur les 20 années simulées autour de la date pivot (10 années avant et 9 après). Pour synthétiser les valeurs des indicateurs du jeu de données Guyane SocleOM-climat-2025, on utilise les notions de quantile et de médiane (Figure 9). Statistiquement, le quantile indique combien de valeurs d’une distribution sont supérieures ou inférieures à un seuil donné. Par exemple, 90 valeurs sur 100 dépassent le quantile 10, une sur deux est inférieure (ou supérieure) à la médiane (quantile 50, centre de la distribution), 10 sur 100 dépassent le quantile 90 (dépassé dans 10 % des cas). On peut aussi compléter la description d’un jeu de données par ses valeurs extrêmes, présentées entre crochets.
Cette approche peut être utilisée à la fois :
• sur le plan spatial : la médiane indique la valeur inférieure (ou supérieure) atteinte sur la moitié du territoire de la Guyane. Elle est plus pertinente que la moyenne lorsqu’on observe des écarts dans certaines zones, ou pour des indicateurs fondés sur des seuils (nombre de jours au-dessus ou en dessous d’une valeur donnée).
• sur le plan statistique, en considérant les 10 simulations sur chaque carré de 3 km de côté. Cette approche permet d’associer à un indicateur climatique une valeur médiane et une plage d’incertitude (borne basse et haute) définie par les quantiles des 10 simulations. Les q10 et q90 calculés à partir des médianes spatiales sur le territoire serviront ici à estimer des plages d’incertitude approximatives (q90-q10)/2.
Figure 9 : Représentation sous forme de boîte à moustaches des valeurs prises par un ensemble de simulations à travers la médiane (trait rouge), les quantîles 10 et 90 (limites inférieures et supérieures de la boîte), et les quantîles 5 et 95 (« moustaches » de la boîte).
Afin de refléter le climat actuel, la période de référence choisie pour le jeu de données Guyane SocleOM-climat-2025 est 1991-2020. Le réchauffement observé en Guyane entre l’ère préindustrielle et la période 1991-2020 est estimé entre +0,9 °C et +1,0 °C.
3.2 : Quelle évolution des températures ?
Les hausses attendues de la température moyenne annuelle en Guyane, par rapport au passé récent 1991-2020, sont de (Tableau 1) :
• +0,8 °C [+0,7°C;+0,9°C] à l’horizon TRACC 2030
• +1,4 °C [+1,3°C;+1,4°C] à l’horizon TRACC 2050
• +2,5 °C [+2,2°C;+2,6°C] à l’horizon TRACC 2100
Pour rappel, les valeurs entre crochets correspondent aux minima et maxima de l’ensemble de données.
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Monde pré-inductriel |
1.5°C | 2°C | 3°C |
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Guyane pré-industriel |
1.7°C | 2.3°C | 3.5°C |
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Guyane ref 1991-2020 |
0.8°C | 1.4°C | 2.5°C |
Tableau 2 : Ligne 1 : niveaux de réchauffement planétaire par rapport à la période préindustrielle 1850-1900. Lignes 2 et 3 : niveaux de réchauffement correspondants en Guyane par rapport aux périodes préindustrielle et 1991-2020
L’année chaude exceptionnelle de 2023 (+0,7°C par rapport à la référence 1991-2020), deuxième année la plus chaude depuis le début des mesures, deviendrait une année normale à l’horizon 2030 de la TRACC, tandis que l’année 2024, année la plus chaude (+1,1°C), deviendrait la norme bien avant l’horizon 2050 de la TRACC. Les températures maximales augmentent plus rapidement que les températures minimales.
Dans le passé récent 1991-2020, les jours chauds (températures maximales supérieures ou égales à 35°C pour la Guyane) concernaient exclusivement les communes continentales à raison d’une vingtaine de jours par an (Figures 10, 11). Les jours chauds deviennent plus fréquents dans les communes continentales et du proche intérieur (Figure 12). Cette augmentation est importante dès +1,7°C : en effet, le nombre moyen de jours chauds du climat récent se voit multiplier par 3. À +1,7°C, le nombre moyen de jours chauds atteint environ 60 jours par an, avec une incertitude d’environ 10 jours autour de cette médiane (Figures 10, 12). A +3,5°C, c’est environ 170 jours par an soit presque la moitié de l’année qui est concernée par des jours chauds, avec une incertitude de 20 jours autour de cette médiane (Figures 10, 12).
Figure 10 : Distribution du nombre annuel de jours chauds (températures maximales supérieures ou égales à 35°C) en Guyane (médiane spatiale) dans l’ensemble Guyane SocleOM-climat-2025, pour le climat récent 1991-2020 et pour les niveaux de réchauffement territoriaux associés aux horizons TRACC 2030, 2050 et 2100, respectivement.
Figure 11 : Carte du nombre annuel de jours chauds (températures maximales supérieures ou égales à 35°C) sur la période 1991-2020 selon la médiane de l’ensemble Guyane SocleOM-climat-2025 en Guyane.
Figure 12 :Evolution, par rapport au passé récent 1991-2020, du nombre annuel de jours chauds (températures maximales supérieures ou égales à 35°C) en Guyane selon la médiane de l’ensemble Guyane SocleOM-climat-2025 pour les niveaux de réchauffement territoriaux associés aux horizons TRACC 2030, 2050 et 2100, respectivement.
Dans le passé récent 1991-2020, les nuits chaudes (températures minimales supérieures ou égales à 24°C pour la Guyane) concernaient exclusivement les communes littorales, avec moins d’une dizaine de jours par an (Figures 13, 14). Le nombre de nuits chaudes devrait augmenter avec le réchauffement et ces dernières devraient progressivement se propager jusque dans les terres (Figures 13, 15). Les communes continentales pourraient ainsi connaître la combinaison de jours chauds et de nuits chaudes (Figures 12, 15). La hausse du nombre de nuits chaudes est notable à +2,3°C (respectivement +3,5°C) avec environ 70 nuits chaudes par an (respectivement ~230) et une incertitude d’environ 20 jours (respectivement 30) autour de cette médiane (Figures 13, 15).
Figure 13 : Distribution du nombre annuel de nuits chaudes (températures minimales supérieures ou égales à 24°C) en Guyane (médiane spatiale) dans l’ensemble Guyane SocleOM-climat-2025, pour le climat récent 1991-2020 et pour les niveaux de réchauffement territoriaux associés aux horizons TRACC 2030, 2050 et 2100, respectivement.
Figure 14 : Carte du nombre annuel de nuits chaudes (températures minimales supérieures ou égales à 24°C) sur la période 1991-2020 selon la médiane de l’ensemble Guyane SocleOM-climat-2025 en Guyane.
Figure 15: Evolution, par rapport au passé récent 1991-2020, du nombre annuel de nuits chaudes (températures minimales supérieures ou égales à 24°C) en Guyane selon la médiane de l’ensemble Guyane SocleOM-climat-2025 pour les niveaux de réchauffement territoriaux associés aux horizons TRACC 2030, 2050 et 2100, respectivement.
3.3 Quelle évolution des précipitations?
L’évolution des précipitations est fortement liée à des variations interannuelles, se traduisant par une alternance d’années sèches et d’années pluvieuses. Le cumul de pluies annuel, (Figure 17) baisse en valeur médiane à +1,7°C et +2,3°C mais sans accord des modèles (Figure 16, 18) rendant cette diminution assez incertaine. La baisse devient significative pour le niveau de réchauffement le plus élevé, avec une diminution médiane de 15 % et une incertitude de 8 % autour de cette valeur (Figure 16). Elle est légèrement plus prononcée sur le littoral que dans l’intérieur des terres.
Figure 16 : Distribution de l’évolution du cumul de précipitations annuel (en anomalie relative par rapport au passé récent 1991-2020, en %) en Guyane (médiane spatiale) dans l’ensemble Guyane SocleOM-climat-2025 pour les niveaux de réchauffement territoriaux associés aux horizons TRACC 2030, 2050 et 2100, respectivement.
Figure 17 : Carte du cumul annuel de précipitations sur la période 1991-2020 selon la médiane de l’ensemble Guyane SocleOM-climat-2025 en Guyane.
Figure 18 : Evolution du cumul annuel de précipitations (en anomalie relative par rapport au passé récent 1991-2020, en %) selon la médiane de l’ensemble Guyane SocleOM-climat-2025 pour les niveaux de réchauffement territoriaux associés aux horizons TRACC 2030, 2050 et 2100, respectivement. Les hachures délimitent les zones où moins de 80 % de modèles sont en accord sur le signe de l’évolution.
En saison sèche (juillet à novembre), le cumul médian de pluies en Guyane en climat récent (1991-2020) est d’environ 470 mm. Le littoral est nettement plus sec que la majorité des communes de l’intérieur, ces dernières restant soumises à la convection continentale (Figure 19). Pour le niveau de réchauffement le plus élevé (+3,5 °C), la plupart des simulations de l’ensemble Guyane SocleOM-climat-2025 indiquent une diminution du cumul moyen de précipitations. Cette baisse en saison sèche se chiffre autour de 25 % sur le territoire avec une incertitude d’environ 20 % autour de cette valeur médiane (Figures 20, 21). Cet assèchement est relativement homogène sur l’ensemble de la région. Pour des niveaux de réchauffement moindres, les baisses sont trop faibles pour être significatives au regard de la variabilité des précipitations et de l’incertitude liée à la modélisation (Figure 21). Sur le nord-ouest du littoral cependant, cette baisse est significative et d’environ -5% à +1,7°C et +2,3°C. Cette zone de savanes est déjà la zone la moins arrosée du territoire durant cette période en climat passé.
Figure 19: Carte du cumul de précipitations en saison sèche (juillet à novembre) sur la période 1991-2020 selon la médiane de l’ensemble Guyane SocleOM-climat-2025 en Guyane.
Figure 20 : Evolution du cumul de précipitations (en anomalie relative par rapport au passé récent 1991-2020, en %) en saison sèche (juillet à novembre) selon la médiane de l’ensemble Guyane SocleOM-climat-2025 pour les niveaux de réchauffement territoriaux associés aux horizons TRACC 2030, 2050 et 2100, respectivement. Les hachures délimitent les zones où moins de 80 % de modèles sont en accord sur le signe de l’évolution.
Figure 21 : Distribution de l’évolution du cumul de précipitations (en anomalie relative par rapport au passé récent 1991-2020, en %) en saison sèche (juillet à novembre) en Guyane (médiane spatiale) dans l’ensemble Guyane SocleOM-climat-2025 pour les niveaux de réchauffement territoriaux associés aux horizons TRACC 2030, 2050 et 2100, respectivement.
En petite saison des pluies, le cumul médian en Guyane en climat récent (1991-2020) est d’environ 780 mm, avec un gradient est/ouest très marqué (Figure 22). Pour le niveau de réchauffement le plus élevé, la plupart des simulations de l’ensemble Guyane SocleOM-climat-2025 indiquent une diminution du cumul moyen de précipitations, témoignant d’un possible retard de démarrage de la saison des pluies. Cette baisse saisonnière se chiffre autour de 20 % sur le territoire avec une incertitude d’environ 15 % autour de cette valeur médiane (Figures 23, 24). Pour des niveaux de réchauffement moindres, les baisses sont plus faibles (environ 5 à 10 %) et la majorité des modèles n’est pas en accord avec cette valeur médiane, rendant cette baisse plus incertaine (Figure 23). Les mois de janvier et de février sont ceux qui connaissent la baisse la plus importante, environ -25 % à 3,5°C avec une incertitude d’environ 20 % autour de cette valeur médiane.
Figure 22 : Carte du cumul de précipitations en petite saison des pluies (décembre à février) sur la période 1991-2020 selon la médiane de l’ensemble Guyane SocleOM-climat-2025 en Guyane.
Figure 23 : Distribution de l’évolution du cumul de précipitations (en anomalie relative par rapport au passé récent 1991-2020, en %) en petite saison des pluies (décembre à février) en Guyane (médiane spatiale) dans l’ensemble Guyane SocleOM-climat-2025 pour les niveaux de réchauffement territoriaux associés aux horizons TRACC 2030, 2050 et 2100, respectivement.
Figure 24 : Distribution de l’évolution du nombre maximum de jours sans pluie (en anomalie par rapport au passé récent 1991-2020) en saison sèche (mai à octobre) sur Mayotte (médiane spatiale) dans l’ensemble Mayotte SocleOM-climat-2025 pour les niveaux de réchauffement territoriaux +1.5 °C, +2,0 °C et +3,0 °C qui sont associés aux horizons TRACC 2030, 2050 et 2100, respectivement.
Le petit été de mars marque le moment où la Zone de Convergence Intertropicale descend à sa latitude la plus méridionale, parfois au sud de l’Équateur. Néanmoins cette période de l’année, entre la petite saison des pluies et le petit été de mars, est celle qui présente le plus de variabilité au cours des années, avec tantôt un petit été de mars qui s’étend de février à mars, tantôt quelques jours ou semaines plus secs durant le mois de mars. A +3,5°C, une baisse significative médiane d’environ -30 %, avec des valeurs allant de -40 à +1 %, est la baisse saisonnière la plus importante de l’année (Figures 26, 27). L’absence de hachures au nord d’un axe Maripasoula/Cayenne montre la significativité de ce signal à la baisse (Figure 26) sur ce secteur. Une baisse des précipitations serait donc attendue de janvier à mars, ouvrant la possibilité d’une petite saison sèche (Figures 23, 26).
Figure 25 : Carte du cumul de précipitations en mars sur la période 1991-2020 selon la médiane de l’ensemble Guyane SocleOM-climat-2025 en Guyane.
Figure 26 : Evolution du cumul de précipitations (en anomalie relative par rapport au passé récent 1991-2020, en %) en mars selon la médiane de l’ensemble Guyane SocleOM-climat-2025 pour les niveaux de réchauffement territoriaux associés aux horizons TRACC 2030, 2050 et 2100, respectivement. Les hachures délimitent les zones où moins de 80 % de modèles sont en accord sur le signe de l’évolution.
Figure 27 : Distribution de l’évolution du cumul de précipitations (en anomalie relative par rapport au passé récent 1991-2020, en %) en mars en Guyane (médiane spatiale) dans l’ensemble Guyane SocleOM-climat-2025 pour les niveaux de réchauffement territoriaux associés aux horizons TRACC 2030, 2050 et 2100, respectivement.
Un premier diagnostic sur les sécheresses peut être réalisé à partir du nombre de jours consécutifs sans pluie. Les périodes les plus longues de jours consécutifs sans pluie en Guyane en climat récent (1991-2020) s’étendent sur 25 jours environ en médiane spatiale sur le territoire et s’observent pour la plupart en avec des sécheresses plus prolongées sur littoral (Figure 25). A +3,5°C, les périodes de sécheresse s’allongent significativement de 8 jours en valeur médiane (avec une incertitude allant de 2 à 19 jours). Pour les niveaux de réchauffement moindre, cette tendance à la hausse est n’est pas significative (Figure 26, 27).
Figure 28 : Carte du nombre maximum de jours sans pluie à l’année sur la période 1991-2020 selon la médiane de l’ensemble Guyane SocleOM-climat-2025 en Guyane.
Figure 29 : Evolution annuelle du nombre maximum de jours sans pluie (en anomalie par rapport au passé récent 1991-2020) selon la médiane de l’ensemble Guyane SocleOM-climat-2025 pour les niveaux de réchauffement territoriaux associés aux horizons TRACC 2030, 2050 et 2100, respectivement. Les hachures délimitent les zones où moins de 80 % de modèles sont en accord sur le signe de l’évolution.
Figure 30 : Distribution de l’évolution annuelle du nombre maximum de jours sans pluie (en anomalie par rapport au passé récent 1991-2020) en Guyane (médiane spatiale) dans l’ensemble Guyane SocleOM-climat-2025 pour les niveaux de réchauffement territoriaux associés aux horizons TRACC 2030, 2050 et 2100, respectivement.
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