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1. Le climat mahorais
Mayotte est soumise à un climat de type tropical chaud, humide et maritime, caractérisé par des faibles variations de températures journalières et annuelles et des précipitations importantes (plus de 1 500 mm par an en moyenne sur l’île).
Les deux principaux régimes de vents intéressant l'île sont le Kashkasi, vent de mousson chaud et humide, de nord à nord-ouest en été austral, et le Kusi, alizé engendré par l'anticyclone des Mascareignes, frais et sec, de sud-est en hiver austral.
En liaison avec ces deux régimes de vents, deux principales saisons caractérisent l'année, l'une chaude et pluvieuse, l'autre plus fraîche et sèche ; elles sont séparées par deux intersaisons plus brèves :
• Avril à mai : intersaison du Matulahi (vents du sud-est). C'est aussi la saison des "pluies d'ambrevades" qui contribuent à l'abondance de ces légumes.
• Octobre à novembre : intersaison du Mnyombeni (vents faibles à modérés de secteur nord-est). C'est aussi la saison des "pluies des mangues", grâce auxquelles les mangues de décembre sont plus belles. Cependant, si le retour des pluies se fait attendre, c'est en novembre que l'effet de la sécheresse est le plus sensible.
En saison chaude, les températures maximales avoisinent régulièrement 32 °C en journée et les minimales 25 °C pendant la nuit. L'humidité moyenne est d’environ 80 à 85 %.
En saison fraîche, il fait en moyenne 28 °C en journée et 21 °C la nuit. Les températures minimales les plus fraîches peuvent parfois descendre jusqu'à 16 °C à l'intérieur de l'île. Il n'est pas rare de voir plusieurs mois sans pluie en saison sèche.
En moyenne, 4,2 systèmes tropicaux transitent à moins de 1 000 km de Mayotte chaque année (Cornillault 2025).
Si les températures se distinguent par leur faible amplitude journalière et annuelle et surtout restent homogènes sur toute l’île, les précipitations s'apprécient par leur disparité. En effet, malgré la petite taille de l’île, les pluies qui tombent dans le centre et le nord-ouest de Grande-Terre représentent annuellement près du double de celles que reçoit le Sud (Figures 1 et 2). Les précipitations peuvent varier fortement d’une année à l’autre et d’un mois à l’autre.
Ceci étant, pendant toute l'année et même pendant la saison pluvieuse, c'est plutôt le soleil qui prédomine sur l'île, et ces précipitations se produisent généralement sous forme d’averses localisées.
Les systèmes tropicaux passant à moins de 1 000 km de l‘archipel contribuent pour 15 % au cumul de pluie moyen annuel à Mayotte. En moyenne, un cyclone apporte entre 10 et 15 mm de pluie par jour à Mayotte. Le relief augmente de façon conséquente les pluies (Cornillault et al. 2024, Cornillault 2025).
Figure 1 : Normale 1991-2020 des précipitations sur Mayotte pendant la saison des pluies (novembre à avril)
Figure 2 : Normale 1991-2020 des précipitations sur Mayotte pendant la saison sèche (mai à octobre)
Chaque année, une dizaine de systèmes tropicaux se forment et s’intensifient dans le bassin sud-ouest de l’Océan Indien mais leur nombre fluctue fortement d’une année à l’autre. Depuis 1979, huit systèmes tropicaux se sont approchés à moins de 200 km des côtes Mahoraises au stade minimal de cyclone (vents moyens excédant 118 km/h) dont Chido, le dernier en date (Figure 3).
Figure 3 : Trajectoires des systèmes tropicaux ayant approché Mayotte à moins de 200 km au stade minimal de cyclone tropical depuis 1979
2. Le constat du changement climatique à Mayotte
À Mayotte, l’évolution de la température de surface est mesurée à partir des données issues du poste de Pamandzi possédant des mesures pseudo-homogénéisées depuis plus de 60 ans. L’analyse des tendances révèle une hausse significative des températures moyennes de l’ordre de 0,21 °C par décennie soit + 1,3 °C depuis 1961, avec une accélération du réchauffement depuis les années 2000 (Figure 4). Les dix dernières années (2015-2024) présentent une anomalie moyenne de 0,6°C par rapport à la référence 1991-2020. Les trois années les plus chaudes ont été 2024 (+1,2°C) devant 2023 et 2019 (+1,0°C).
Il est important de noter que les observations intègrent l’effet de la variabilité interne et naturelle du climat et n’isolent pas la part du réchauffement dû aux activités humaines.
Figure 4 : écart à la normale 1991-2020 de la température moyenne annuelle enregistrée à Pamandzi depuis le début des observations (en °C)
Les warming stripes (« bandes de réchauffement ») offrent une synthèse visuelle de ce réchauffement (Figure 5). Avec une période de référence 1991-2020, la plupart des années chaudes (bandes rouges) se sont produites après 2009.
Figure 5 : Warming stripes de Pamandzi
D’autres indicateurs permettent de mettre en évidence les effets du réchauffement climatique à Mayotte, comme le nombre de jours chauds, où la température maximale excède 32°C à la station de Pamandzi (Figure 6). Ce nombre augmente drastiquement depuis 2010. De 4 jours chauds en moyenne sur la période 1968-2000, on passe à 50 jours chauds en moyenne au-delà de 2001 ou encore 69 au-delà de 2010.
Figure 6 : Nombre annuel de jours chauds (température maximale supérieure ou égale à 32°C) sur la station de Pamandzi depuis le début des observations.
Les cumuls annuels de précipitations enregistrés depuis le début des observations à Mayotte sont très variables d’une année à l’autre, en lien avec des modes de variabilité climatique comme El Niño / La Niña et le dipôle de l’Océan Indien. Aucune tendance significative sur l’évolution des précipitations n’apparaît au regard de cette variabilité (Figure 7).
Figure 7 : Rapport à la référence moyenne 1991-2020 (en %) du cumul annuel de précipitations sur Mayotte pour les stations de Pamandzi et Combani depuis le début des observations.
En revanche, une baisse statistiquement significative est enregistrée sur le cumul des précipitations en saison sèche (mai à octobre) depuis le début des observations. Sur les deux stations de Pamandzi et Combani (située à proximité d’une retenue collinaire), on mesure une tendance moyenne de -39 % en 64 ans soit -6.1 % par décennie (Figure 8).
Figure 8 : Rapport à la référence moyenne 1991-2020 (en %) du cumul de précipitations durant la saison sèche (mai à octobre) à Mayotte depuis le début des observations pour les stations de Pamandzi et Combani.
Il est très rare que les précipitations dépassent 100 mm par jour à Mayotte mais cela peut arriver sous l’influence de systèmes tropicaux tels que Dikeledi qui a transité au stade de tempête tropicale à moins de 100 km du sud de Mayotte courant janvier 2025.
Les évènements de pluies extrêmes (EPEs) sur Mayotte peuvent être définis à partir d’un seuil de pluie quotidien de 50 à 60 mm (Cornillault et al. 2024, Cornillault 2025). Près d’un quart des pluies annuelles de Mayotte sont apportées par des EPEs. Ils se produisent essentiellement durant la saison des pluies mais peuvent parfois se produire en saison sèche dans des conditions environnementales propices. Un peu plus d’un quart des EPEs sur Mayotte sont provoqués par des systèmes tropicaux transitant à moins de 1 000 km de l’archipel. Les systèmes générant des EPEs sur Mayotte transitent majoritairement à moins de 500 km au sud de Mayotte (Cornillault et al. 2024, Cornillault 2025).
Le calcul de tendances climatiques sur les phénomènes extrêmes tels que les fortes pluies ou encore les sécheresses est complexe du fait des échantillons trop limités marqués par une forte variabilité interannuelle et inter décennale.
À l’échelle du sud-ouest de l’Océan Indien, aucune tendance notable n’est décelée sur la fréquence des tempêtes et des cyclones tropicaux ces quatre dernières décennies.
3. Quel climat futur à Mayotte selon la TRACC ?
3.1 Introduction
Les derniers rapports du GIEC (IPCC 2018, IPCC 2021) montrent que les impacts du changement climatique dans une zone donnée sont déterminés par le niveau moyen de réchauffement planétaire, indépendamment de la manière ou du moment où ce niveau est atteint. On peut ainsi évoquer, par exemple, le « climat de la France dans un monde à +2 °C ».
La Trajectoire de Réchauffement de Référence pour l’Adaptation au Changement Climatique (TRACC) a été définie dans le cadre du nouveau Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC-3) et vise à définir un cadre commun pour les actions d’adaptation. Elle repose sur le constat scientifique (IPCC 2021) que le réchauffement moyen mondial dépend des émissions cumulées à l’échelle internationale (et non des seules politiques françaises) et que ce réchauffement a des effets régionaux et locaux.
La TRACC s’appuie sur les engagements actuels des États en matière de réduction des émissions et les traduit en réchauffement global et territorial à trois échéances. Elle considère qu’en l’absence de mesures supplémentaires à l’échelle internationale, le réchauffement pourrait atteindre trois niveaux, dont les horizons temporels découlent des politiques mondiales actuelles. Ces niveaux sont définis comme suit : +1,5 °C en 2030, +2 °C en 2050 et +3 °C en 2100 par rapport à la température de référence de l’ère préindustrielle, estimée comme la moyenne entre 1850 et 1900.
Le réchauffement climatique variant spatialement, ces niveaux planétaires sont traduits en niveaux territoriaux pour chaque territoire français. Cette correspondance repose sur des méthodes statistiques dites de « contraintes observationnelles » et sur des données combinant modèles et observations (Ribes et al. 2021, Ribes et al. 2022). À Mayotte, les niveaux territoriaux de la TRACC sont de +1,5 °C, +2,0 °C et +3 °C aux horizons 2030, 2050 et 2100, toujours par rapport à l’ère préindustrielle (Figure 9). Ces valeurs, proches du réchauffement global, s’expliquent par le caractère insulaire du territoire et l’influence océanique. Ces niveaux doivent être considérés comme des cibles d’adaptation, et non comme des projections pour une période donnée.
Figure 9 : Présentation de la TRACC en termes d’échéance et de niveau de réchauffement planétaire et régional à Mayotte
La prise en compte des incertitudes liées aux projections climatiques est essentielle pour définir des stratégies d’adaptation robustes en climat futur. Pour caractériser le climat aux différents niveaux de réchauffement de la TRACC, le jeu de données Mayotte SocleOM-climat-2025 repose sur 24 simulations climatiques globales ou régionales, descendues en échelle à une résolution de 2,5 km par 2,5 km sur le territoire.
Pour chaque niveau de réchauffement de la TRACC Mayotte (Figure 9), on détermine l’année pivot à laquelle ce niveau est atteint dans chacune des 24 simulations. Pour intégrer la variabilité interannuelle à ce niveau de réchauffement, les indicateurs climatiques sont calculés sur les 20 années simulées autour de la date pivot (10 années avant et 9 après).
Pour synthétiser les valeurs des indicateurs du jeu de données Mayotte SocleOM-climat-2025, on utilise les notions de quantile et de médiane (Figure 10). Statistiquement, le quantile indique combien de valeurs d’une distribution sont supérieures ou inférieures à un seuil donné. Par exemple, 90 valeurs sur 100 dépassent le quantile 10, une sur deux est inférieure (ou supérieure) à la médiane (quantile 50, centre de la distribution), 10 sur 100 dépassent le quantile 90 (dépassé dans 10 % des cas). On peut aussi compléter la description d’un jeu de données par ses valeurs extrêmes, présentées entre crochets.
Cette approche peut être utilisée à la fois :
• sur le plan spatial : la médiane indique la valeur inférieure (ou supérieure) atteinte sur la moitié du territoire de Mayotte. Elle est plus pertinente que la moyenne lorsqu’on observe des écarts dans certaines zones (montagne par exemple), ou pour des indicateurs fondés sur des seuils (nombre de jours au-dessus ou en dessous d’une valeur donnée).
• sur le plan statistique, en considérant les 24 simulations sur chaque carré de 2,5 km de côté. Cette approche permet d’associer à un indicateur climatique une valeur médiane et une plage d’incertitude (borne basse et haute) définie par les quantiles des 24 simulations. Les q10 et q90 calculés à partir des médianes spatiales sur le territoire serviront ici à estimer des plages d’incertitude approximatives (q90-q10)/2.
Figure 10 : Représentation sous forme de boîte à moustaches des valeurs prises par un ensemble de simulations à travers la médiane (trait rouge), les quantîles 10 et 90 (limites inférieures et supérieures de la boîte), et les quantîles 5 et 95 (« moustaches » de la boîte).
Afin de mieux refléter le climat actuel, la période de référence choisie pour le jeu de données Mayotte SocleOM-climat-2025 est 1991-2020. Le réchauffement observé à Mayotte entre l’ère préindustrielle et la période 1991-2020 est estimé autour de +0,8°C.
3.2 : Quelle évolution des températures ?
Les hausses attendues de la température moyenne annuelle sur Mayotte, par rapport au passé récent 1991-2020, sont de (Tableau 1) :
• +0,7 °C [+0,6°C;+0,8°C] à l’horizon TRACC 2030
• +1,2 °C [+1,1°C;+1,3°C] à l’horizon TRACC 2050
• +2,2 °C [+2,0°C;+2,3°C] à l’horizon TRACC 2100
Pour rappel, les valeurs entre crochets correspondent aux minima et maxima de l’ensemble de données.
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Monde pré-inductriel |
1.5°C | 2°C | 3°C |
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La Réunion pré-industriel |
1.5°C | 2.0°C | 3.0°C |
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La Réunion ref 1991-2020 |
0.7°C | 1.2°C | 2.2°C |
Tableau 1 : Ligne 1 : niveaux de réchauffement planétaire par rapport à la période préindustrielle 1850-1900. Lignes 2 et 3 : niveaux de réchauffement correspondants sur Mayotte par rapport aux périodes préindustrielle et 1991-2020
L’année chaude exceptionnelle de 2024 (+1,2°C relevés à Pamandzi par rapport à 1991-2020) pourrait devenir une année normale à l’horizon 2050 de la TRACC.
Dans le passé récent 1991-2020, les jours chauds (températures maximales supérieures ou égales à 32°C) concernaient majoritairement le littoral de Mayotte une trentaine de jours par an (Figures 11, 12). Les jours chauds vont devenir plus fréquents à mesure que le climat se réchauffe et vont s’étendre sur l’archipel (Figures 12, 13). Cette augmentation sera notable à 2,0 °C (respectivement 3,0 °C) de réchauffement sur une grande partie de l’archipel qui pourrait connaître environ 130 (respectivement 205) jours chauds en moyenne par an, avec une incertitude d’environ 10 jours autour de cette valeur médiane (Figures 11, 13).
Figure 11 : Distribution du nombre annuel de jours chauds (températures maximales supérieures ou égales à 32°C) sur Mayotte (médiane spatiale) dans l’ensemble Mayotte SocleOM-climat-2025, pour le climat récent 1991-2020 et pour les niveaux de réchauffement territoriaux +1.5 °C, +2,0 °C et +3,0 °C qui sont associés aux horizons TRACC 2030, 2050 et 2100, respectivement.
Figure 12 : Carte du nombre annuel de jours chauds (températures maximales supérieures ou égales à 32°C) sur la période 1991-2020 selon la médiane de l’ensemble Mayotte SocleOM-climat-2025 à Mayotte.
Figure 13 : Evolution, par rapport au passé récent 1991-2020, du nombre annuel de jours chauds (températures maximales supérieures ou égales à 32°C) à Mayotte selon la médiane de l’ensemble Mayotte SocleOM-climat-2025 pour les niveaux de réchauffement territoriaux de +1.5 °C (gauche), +2,0 °C (milieu) et +3,0 °C (droite) qui sont associés aux horizons TRACC 2030, 2050 et 2100, respectivement.
Dans le passé récent 1991-2020, les nuits chaudes (températures minimales supérieures ou égales à 26°C) concernaient exclusivement Petite Terre et les zones littorales une quinzaine de jours par an (Figures 14, 15). Les nuits chaudes vont se multiplier à mesure que le réchauffement progressera mais aussi se propager vers l’intérieur de Grande Terre (Figures 14, 16). Cette augmentation sera notable à 2,0 °C (et respectivement très forte à 3,0 °C) de réchauffement sur une grande partie de l’île qui pourrait connaître environ 55 (respectivement 115) nuits chaudes en moyenne par an, avec une incertitude d’environ 10 jours autour de cette valeur médiane (Figures 14, 16).
Figure 14 : Distribution du nombre annuel de nuits chaudes (températures minimales supérieures ou égales à 26°C) sur Mayotte (médiane spatiale) dans l’ensemble Mayotte SocleOM-climat-2025, pour le climat récent 1991-2020 et pour les niveaux de réchauffement territoriaux +1.5 °C, +2,0 °C et +3,0 °C qui sont associés aux horizons TRACC 2030, 2050 et 2100, respectivement.
Figure 15 : Carte du nombre annuel de nuits chaudes (températures minimales supérieures ou égales à 26°C) sur la période 1991-2020 selon la médiane de l’ensemble Mayotte SocleOM-climat-2025 à Mayotte.
Figure 16: Evolution, par rapport au passé récent 1991-2020, du nombre annuel de nuits chaudes (températures minimales supérieures ou égales à 26°C) à Mayotte selon la médiane de l’ensemble Mayotte SocleOM-climat-2025 pour les niveaux de réchauffement territoriaux +1.5 °C (gauche), +2,0 °C (milieu) et +3,0 °C (droite) qui sont associés aux horizons TRACC 2030, 2050 et 2100, respectivement.
3.3 Quelle évolution des précipitations?
L’évolution des précipitations est dominée par de fortes fluctuations et l’alternance d’années ou décennies plus pluvieuses ou plus sèches. Le cumul de pluies annuel (~1200 mm en médiane spatiale sur le territoire dans le climat récent 1991-2020) évolue très peu en moyenne avec le réchauffement, et pas de façon significative.
En saison sèche (mai à octobre), le cumul de pluies à Mayotte en climat récent (1991-2020) est d’environ 90 mm en médiane spatiale sur le territoire, avec davantage de précipitations au centre de Grande Terre sur la partie montagneuse (Figure 17). Quelque soit le niveau de réchauffement, la plupart des simulations de l’ensemble Mayotte SocleOM-climat-2025 indiquent une baisse relative du cumul moyen de pluies en saison sèche sur l’ensemble de l’archipel (Figures 18 et 19). Pour le niveau de réchauffement le plus élevé (3,0 °C), cette baisse se chiffre autour de -30% en moyenne sur le territoire avec une incertitude d’environ 15 % autour de cette valeur médiane. Pour les niveaux de réchauffement +1,5 °C et +2,0 °C respectivement, les baisses de précipitations sont également significatives et se chiffrent à -15% et -25 % respectivement avec une incertitude d’environ 15 % autour de ces valeurs médianes (Figure 19).
Figure 17 : Carte du cumul de précipitations en saison sèche (mai à octobre) sur la période 1991-2020 selon la médiane de l’ensemble Mayotte SocleOM-climat-2025 à Mayotte.
Figure 18 : Evolution du cumul de précipitations (en anomalie relative par rapport au passé récent 1991-2020, en %) en saison sèche (mai à octobre) selon la médiane de l’ensemble Mayotte SocleOM-climat-2025 pour les niveaux de réchauffement territoriaux +1.5 °C (gauche), +2,0 °C (milieu) et +3,0 °C (droite) qui sont associés aux horizons TRACC 2030, 2050 et 2100, respectivement. Les hachures délimitent les zones où moins de 80 % de modèles sont en accord sur le signe de l'évolution.
Figure 19 : Distribution de l’évolution du cumul de précipitations (en anomalie relative par rapport au passé récent 1991-2020, en %) en saison sèche (mai à octobre) sur Mayotte (médiane spatiale) dans l’ensemble Mayotte SocleOM-climat-2025 pour les niveaux de réchauffement territoriaux +1.5 °C, +2,0 °C et +3,0 °C qui sont associés aux horizons TRACC 2030, 2050 et 2100, respectivement.
En intersaison (octobre-novembre), le cumul de pluies à Mayotte en climat récent (1991-2020) est d’environ 85 mm en médiane spatiale sur le territoire (Figure 20). Une grande majorité des simulations de l’ensemble Mayotte SocleOM-climat-2025 indiquent une baisse relative du cumul moyen de pluies, témoignant d’un retard de démarrage de la saison des pluies, pour tous les niveaux de réchauffement (Figures 21 et 22). Pour le niveau de réchauffement le plus élevé, elle se chiffre autour de -40 % sur le territoire avec une incertitude d’environ 25 % autour de cette valeur médiane. Pour les niveaux de réchauffement +1,5 °C et +2,0 °C, les baisses sont de l’ordre de -25 % et -30 % respectivement, avec une incertitude d’environ 20 % autour de ces valeurs médianes (Figure 22).
Figure 20: Carte du cumul de précipitations en intersaison (octobre à novembre) sur la période 1991-2020 selon la médiane de l’ensemble Mayotte SocleOM-climat-2025 à Mayotte.
Figure 21 : Evolution du cumul de précipitations (en anomalie relative par rapport au passé récent 1991-2020, en %) en intersaison (octobre à novembre) selon la médiane de l’ensemble Mayotte SocleOM-climat-2025 pour les niveaux de réchauffement territoriaux +1.5 °C (gauche), +2,0 °C (milieu) et +3,0 °C (droite) qui sont associés aux horizons TRACC 2030, 2050 et 2100, respectivement. Les hachures délimitent les zones où moins de 80 % de modèles sont en accord sur le signe de l'évolution.
Figure 22 : Distribution de l’évolution du cumul de précipitations (en anomalie relative par rapport au passé récent 1991-2020, en %) en intersaison (octobre à novembre) sur Mayotte (médiane spatiale) dans l’ensemble Mayotte SocleOM-climat-2025 pour les niveaux de réchauffement territoriaux +1.5 °C, +2,0 °C et +3,0 °C qui sont associés aux horizons TRACC 2030, 2050 et 2100, respectivement.
Un premier diagnostic sur les sécheresses peut être réalisé à partir du nombre de jours consécutifs sans pluie. Les périodes les plus longues de jours consécutifs sans pluie à Mayotte en climat récent (1991-2020) s’étendent sur 70 jours environ en médiane spatiale sur le territoire et s’observent pour la plupart en saison sèche, entre mai et octobre, avec des sécheresses plus prolongées sur la côte est (Figure 23). Pour des niveaux de réchauffement de +2°C et +3,0°C, les périodes de sécheresses seront significativement plus longues d’environ 5 à 10 jours respectivement avec une incertitude de 10 à 15 jours autour de ces valeurs médianes (Figures 24 et 25) et un assèchement plus prononcé sur la cote est de l’île. Pour un réchauffement moindre de 1,5 °C, la baisse de précipitations est plus faible ; moins de 80 % des modèles s’accordent sur une tendance à la baisse sur une bonne partie du territoire (Figure 24, hachures), rendant cette baisse plus incertaine. Un diagnostic sur l’évolution de leur étendue non seulement temporelle mais aussi spatiale sur le territoire fera l’objet de futures analyses approfondies. La hausse des températures et de l’évapotranspiration pourrait notamment renforcer la sécheresse du sol et des autres composantes hydrologiques.
Figure 23 : Carte du nombre maximum de jours sans pluie en saison sèche (mai à octobre) sur la période 1991-2020 selon la médiane de l’ensemble Mayotte SocleOM-climat-2025 à Mayotte.
Figure 24 : Evolution du nombre maximum de jours sans pluie (en anomalie par rapport au passé récent 1991-2020) en saison sèche (mai à octobre) selon la médiane de l’ensemble Mayotte SocleOM-climat-2025 pour les niveaux de réchauffement territoriaux +1.5 °C (gauche), +2,0 °C (milieu) et +3,0 °C (droite) qui sont associés aux horizons TRACC 2030, 2050 et 2100, respectivement. Les hachures délimitent les zones où moins de 80 % de modèles sont en accord sur le signe de l'évolution.
Figure 25 : Distribution de l’évolution du nombre maximum de jours sans pluie (en anomalie par rapport au passé récent 1991-2020) en saison sèche (mai à octobre) sur Mayotte (médiane spatiale) dans l’ensemble Mayotte SocleOM-climat-2025 pour les niveaux de réchauffement territoriaux +1.5 °C, +2,0 °C et +3,0 °C qui sont associés aux horizons TRACC 2030, 2050 et 2100, respectivement.
3.4 Quelle évolution des cyclones?
Le nombre de cyclones à l’échelle du bassin sud-ouest de l’océan Indien continuera de fluctuer fortement d’une année sur l’autre, et on n’attend pas d’augmentation de leur nombre en moyenne (Knutson et al., 2020, Cattiaux et al. 2020, Leroux et al. 2024). L’intensité moyenne d’un cyclone, définie par le maximum de vent atteint au cours de son cycle de vie, est prévue augmenter dans un climat qui se réchauffe (Knutson et al., 2020, Cattiaux et al. 2020, Leroux et al. 2024). Les simulations indiquent aussi une hausse des pluies cycloniques d’autant plus marquée que le réchauffement est fort.
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