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Situé en Amérique du Nord (46° 51′ nord, 56° 18′ ouest), au sud de l’île de Terre-Neuve, Saint Pierre-et-Miquelon (SPM) est un archipel d’environ 240 km2. Il connaît un climat océanique frais et humide (précipitations annuelles de l’ordre de 1300 mm) sous l’influence de fréquentes dépressions atlantiques. C'est également le lieu de rencontre du courant océanique chaud du Gulf Stream et celui froid du Labrador. Le mois le plus froid de l’année est janvier avec une température moyenne de −2°C et des précipitations souvent sous forme de neige. En été, la température moyenne dépasse 15°C mais les bancs de brouillard peuvent être fréquents. Les vents forts, supérieurs à 60 km/h sont observés près d’un jour sur deux (de l’ordre de 150 jours par an en moyenne au-dessus du seuil de 60 km/h en rafales) tandis qu’un risque de cyclones tropicaux en transition est présent entre août à octobre. Les records extrêmes de température à St Pierre depuis 1966 sont de +28,3°C le 6/7/2013 et -18,7°C le 4/2/1975. |
Selon la classification de Köppen (Figure 1), les types de climat annuel qui prédominent à SPM sur la période 1966-2021 sont le Dfc (hiver froid et un été court et humide) et le Dfb (hiver froid et un été frais et humide).
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Figure 1 : Classification des types de climat annuel selon Köppen à Saint Pierre et Miquelon sur la période 1966-2021 (source Dubreuil et al., 2022).
La hausse des températures à SPM peut être visualisée à partir de la réanalyse ERA5 depuis 1940 sous la forme des climate stripes (figure 2). La plupart des années chaudes (bandes rouges) se sont produites après 2000.
Figure 2 : Climat stripes à Saint Pierre et Miquelon de 1940 à 2024 à partir de la réanalyse ERA5 selon la référence 1961-1990 (Source ERA Explorer)
À partir des observations locales à St Pierre sur la période 1966 à 2024, l’augmentation des températures moyennes annuelles est de l’ordre de +1,3°C (figure 3) avec une légère variation saisonnière, hausse moins forte en hiver de l’ordre de +1°C et plus marquée en été, légèrement supérieure à +1,5°C (figures 3a et 3b). Les 3 années les plus chaudes ont été 2012 devant 2022 et 2024. À noter que la série d’observations de St Pierre n’est pas une série homogénéisée, mais une comparaison avec la réanalyse ERA5 a montré un comportement proche (corrélation de 0,98 et tendance estimée à partir de ERA5 de l’ordre de +1,1°C sur la même période 1996-2024).
Figure 3 : Evolution des températures moyennes annuelles à Saint-Pierre et Miquelon (référence 1971-2000).
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Figures 3a et 3b : Evolution des températures moyennes hivernales et estivales à Saint-Pierre et Miquelon (référence 1971-2000).
D’autres indicateurs sur les températures permettent de mettre en évidence les effets du réchauffement climatique à Saint-Pierre. Ainsi, le nombre de jours de gel (Figure 4) s’est réduit d’une dizaine de jours sur la période 1966-2014.
Figure 4 : Evolution du nombre de jours de gel à Saint-Pierre et moyenne glissante sur 11 ans sur la période 1966-2024.
Pour les précipitations, aucune tendance significative n’est observée sur le cumul annuel (figure 5) où on note une forte variabilité multidécennale. Aucune tendance claire n'apparaît non plus sur les cumuls saisonniers en hiver (figure 4a) ou en été (figure 4b).
Figure 5 : Evolution du cumul annuel de précipitation à Saint-Pierre et Miquelon (référence 1966-2024)
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Figure 5a : Evolution du cumul hivernal de précipitation à Saint-Pierre et Miquelon (référence 1966-2024) | Figure 5b : Evolution du cumul estival de précipitation à Saint-Pierre et Miquelon (référence 1966-2024) |
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En termes de type de climat selon Köppen (figure 6), le réchauffement entre deux périodes de 30 ans (1961-1990 versus 1991-2020) à SPM s’est matérialisé par une diminution des années à hiver froid (D) (-5%) ainsi que celles des années à été court (-20%). On note l’apparition d’été sec (type Csb classique du climat de La Rochelle).
Figure 6 : Comparaison de l’évolution des types de climat annuel selon Köppen à Saint-Pierre et Miquelon entre les périodes 1961-1990 et 1991-2020 (source Dubreuil et al, 2022)
Le territoire est aussi sujet à de fréquents vents forts (rafales supérieures à 60 km/h) ainsi qu’occasionnellement à des remontées de cyclones tropicaux, potentiellement favorisées avec l’augmentation de la température de la mer. Cependant, aucune tendance n'apparaît à ce jour sur ces deux variables à partir des observations (figure 7a et 7b).
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Figure 7a : Evolution du nombre de jours de vents forts à Saint-Pierre et Miquelon (référence 1966-2024) | Figure 7b : Evolution du nombre de tempêtes tropicales passant à moins de 300 km de Saint-Pierre et Miquelon (base IBTrACS) |
On note également que ce territoire est fortement menacé par l’élévation du niveau de la mer et que des projets de déplacement de population ont vu le jour.
La Trajectoire de Réchauffement de Référence pour l’Adaptation au Changement Climatique (TRACC) définie dans le cadre du nouveau Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC-3) considère trois niveaux de réchauffement planétaire (+1,5°C en 2030, +2°C en 2050 et +3°C en 2100), traduits en niveau de réchauffement local auxquels adapter l’ensemble des territoires français.
En attendant la déclinaison du réchauffement planétaire en niveau de réchauffement local à SPM, le climat futur à considérer en matière d’adaptation à SPM peut s'appuyer sur le scénario SSP2 4.5 (scénario tendanciel intermédiaire) qui est le plus proche de la TRACC (Soubeyroux et al, 2024).
Des données de projections climatiques CMIP6 disponibles pour SPM ont été produites par Environnement et Changement Climatique Canada et sont accessibles sur le portail https://donneesclimatiques.ca. Il s’agit de 26 projections climatiques de l’ensemble CAN DCS-U6 à la résolution d'environ 10 km x 6 km.
Le jeu de données CAN DCS U6 utilise la méthode de réduction d’échelle BCCAQv2, appliqué au jeu de données ANUSPLIN, aussi appelé NRCANmet V1
Les données représentées concernent les 10e, 50e et 90e percentile de la maille où se trouve SPM1. Elles peuvent présenter toutefois quelques écarts avec les données locales de SPM.
Selon le scénario SSP2 4.5, la hausse attendue de la température moyenne annuelle à l’horizon 2100 (Figure 8) est de l’ordre de +3,6°C [+2,1°C;+5,3°C] par rapport à la référence 1971-2000).
Figure 8 : Evolution de l’écart de température moyenne à Saint-Pierre-et-Miquelon par rapport à la période de référence 1971-2000 selon la médiane de l’ensemble CanDCS-U6 pour le SSP2 4.5 (valeur médiane, minimum et maximum)
La hausse attendue du cumul annuel de précipitation à l’horizon 2100 (Figure 9) est de l’ordre de +10% [-2%;+25%] par rapport à la référence 1971-2000.
Figure 9 : Projections de l’écart relatif de cumul annuel de précipitation à Saint-Pierre-et-Miquelon par rapport à la période de référence 1971-2000 selon la médiane de l’ensemble CanDCS-U6 et le SSP2 4.5 (valeur médiane, minimum et maximum)
3.3.1 : Extrêmes de température : évolution du cycle gel/dégel
Avec le réchauffement, le nombre de jours plus chauds va globalement augmenter tandis que le nombre de jours plus froids et notamment le nombre de jours de gel va diminuer. On présente ci-dessous l’évolution du nombre de jours avec dégel qui a un impact important sur les infrastructures, routières notamment (figure 10a). Ce nombre va diminuer progressivement avec le réchauffement et la réduction du nombre de jours de gel: il passera d’environ 80 dans le climat d’aujourd’hui, à environ 50 en valeur médiane en fin de siècle [min 31, max 71].
Avec la hausse des températures, les jours de chaleur (température maximale supérieure à 25°C) exceptionnels dans le climat actuel vont devenir assez fréquents en fin de siècle, de l’ordre de 7 par an en valeur médiane [min 0 ; max 31] (figure 10b).
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Figure 10a : Evolution du nombre de jours de dégel à SPM par rapport à la période de référence 1971-2000 selon la médiane de l’ensemble CanDCS-U6 et le SSP2 4.5 (valeur médiane, minimum et maximum) | Figure 10b : Evolution du nombre de jours de chaleur à SPM par rapport à la période de référence 1971-2000 selon la médiane de l’ensemble CanDCS-U6 et le SSP2 4.5 (valeur médiane, minimum et maximum) |
3.3.2 : Extrêmes de précipitation : maximum annuel de précipitation quotidienne
Avec le réchauffement, on s’attend à une hausse du maximum annuel de précipitation quotidienne, pouvant avoir des impacts en matière de ruissellement, voire d’inondations. Sur la figure 11, l’augmentation atteint environ +15% en valeur médiane en fin de siècle, avec une très forte incertitude (minimum -10% et maximum +80%).
Figure 11 : Evolution de l’écart relatif du maximum annuel de précipitation quotidienne à Saint-Pierre-et-Miquelon par rapport à la période de référence 1971-2000 selon la médiane de l’ensemble CanDCS-U6 et le SSP2 4.5 (valeur médiane, mininum et maximum)
3.3.3 : Extrêmes des niveaux marins sur les enjeux littoraux
Dans le cadre de la TRACC, le BRGM (Le Cozanet et al, 2025) a mis à jour les projections climatiques d’élévation de niveau marin pour l’ensemble des territoires métropolitains et ultramarins (seul le niveau de réchauffement global est pris en compte ici). À St Pierre et Miquelon, l’élévation des niveaux marins est supérieure à ce qui est attendu en France hexagonale. Les valeurs projetées selon une approche probabiliste en valeur médiane (1 chance sur 2 d’être dépassée) et valeur haute (basée sur le quantile 83 dépassée uniquement dans 17% des cas);
St Pierre et Miquelon | TRACC cible adaptation 2050 | TRACC cible adaptation 2100 |
---|---|---|
Valeur médiane | + 36 cm | + 81 cm |
Valeur haute | + 44 cm | + 108 cm |
Tableau 1 : Données d’élévation du niveau marin selon la TRACC à St Pierre et Miquelon (source BRGM)
Pour dimensionner les actions d’adaptation à Saint-Pierre et Miquelon, un jeu de projections climatiques CMIP6 issues du portail donneesclimatiques.ca est mis à disposition. Il s’agit de données selon le scénario climatique d’émission intermédiaire SSP2 4.5, au pas de temps quotidien et à résolution de 10 km² sur 4 mailles (seules ces 4 mailles sont disponibles) couvrant le territoire de Saint-Pierre et Miquelon (Figure 12) pour trois variables températures minimales, températures maximales et précipitations. Ces données sont issues de l’ensemble CAN DCS M6*, jeu de données le plus récent produit par le service Environnement Canada.
Figure 12 : Position des 4 mailles du jeu de données de projections climatiques mis à disposition (source donneesclimatiques.ca)
*Le jeu CAN DCS M6, utilisant le jeu de données PCIC-Blend comme cible de réduction d’échelle, est dérivé d’une technique de réduction d’échelle statistique appelée correction du biais multivariée à n-dimensions (MBCn)
La liste des simulations est indiquée dans le tableau suivant :
Nom de la simulation | Température minimale | Température maximale | Précipitation | Format du calendrier |
---|---|---|---|---|
KACE-1-0-G |
x | x | x |
360j |
UKESM1-0-LL |
x | x | x |
360j |
HADGEM-3-GC31-LL |
x | x | x |
360j |
GFDL-ESM4 |
x | x | x |
365j |
NORESM2-LM |
x | x | x |
365j |
NORESM2-MM |
x | x | x |
365j |
INM-CM5-0 |
x | x | x |
365j |
CAN-ESM5 |
x | x | x |
365j |
KIOST-ESM |
x | x | x |
365j |
CMCC-ESM2 |
x | x | x |
365j |
FGOAL-g3 |
x | x | x |
365j |
BCC-ESM2-MR |
x | x | x |
365j |
Tai-ESM1 |
x | x | x |
365j |
INM-CM4-8 |
x | x | x |
365j |
CNRM-ESM2-1 |
x | x | x |
Grégorien |
MIROC-ES2L |
x | x | x |
Grégorien |
IPSL-CM6A-LR |
x | x | x |
Grégorien |
CNRM-CM6-1 |
x | x | x |
Grégorien |
MIROC6 |
x | x | x |
Grégorien |
MPI-ESM1-1-LR |
x | x | x |
Proleptic Grégorien |
MRI-ESM2-0 |
x | x | x |
Proleptic Grégorien |
ACCESS-ESM1-5 |
x | x | x |
Proleptic Grégorien |
MPI-ESM1-2-HR |
x | x | x |
Proleptic Grégorien |
EC-EARTH3 |
x | x | x |
Proleptic Grégorien |
ACCESS-ESM2 |
x | x | x |
Proleptic Grégorien |
EC-EARTH3_veg |
x | x | x |
Proleptic Grégorien |
Tableau 2 : Liste des simulations CMIP6 sous SSP2 4.5 mises à disposition.
Ces jeux de données au format csv sont associées à un fichier de métadonnées présenté par variable :
Données de précipitations - fichiers csv
Données de température maximale - fichiers csv
Données de température minimale - fichiers csv
Dubreuil V., 2022. Le changement climatique en France illustré par la classification de Köppen. La Météorologie, 116, 37-47.
Jean-Michel Soubeyroux, Brigitte Dubuisson, Sebastien Bernus, Raphaëlle Samacoïts, Fabienne Rousset, et al.. A quel climat s'adapter en France selon la TRACC ?. Meteo-France. 2024. 〈hal-04797481v3〉
Gonéri Le Cozannet, Rémi Thiéblemont, Jérémy Rohmer and Cécile Capderrey Sea-level scenarios aligned with the 3rd adaptation plan in France. Volume 357 (2025), p. 105-123, https://doi.org/10.5802/crgeos.290
Nous souhaitons remercier DonnéesClimatiques.ca pour avoir fourni les informations climatiques utilisées dans ce document. Données.Climatiques.ca est le fruit d’un travail de collaboration entre le Consortium sur les impacts climatiques du Pacifique (CICP), Ouranos Inc, le Centre climatique des Prairies (CCP), Environnement et Changement climatique Canada (ECCC), le Centre de Recherche Informatique de Montréal (CRIM) et Habitat7.